à Poligny, hôtel de ville d’honneur, 41, rue du collège
Une famille d’arquebusiers à Lons-le-Saunier au XIXe siècle : les Latura
Jean-Luc Mordefroid
Au milieu du XVIIIe siècle, Pierre Latura († 1764), sujet du duché de Savoie, s’engage dans le régiment français de Thianges dragons. Puis, l’exilé s’installe comme « marchand » à Dole où il se marie et où naissent ses 4 enfants. Deux fils deviennent « mécaniciens arquebusiers », autrement dit armuriers, à Champlitte et à Lons-le-Saunier. À la génération suivante, la profession est exercée par le fils du premier et 4 fils et une belle-fille du deuxième. L’un de ces derniers invente un « fusil sans batterie et à cylindre » qui est présenté àl’Exposition des produits de l’industrie française à Paris en 1819 ; primée, l’arme est déposée et exposée au musée de Lons-le-Saunier, alors également conservatoire des arts et métiers du Jura. À la quatrième et dernière génération lédonienne, la famille compte toujours un armurier qui quitte Lons-le-Saunier pour la Sardaigne en 1870. Mais les professions se diversifient : ainsi, l’une des filles est la première opticienne de la cité et promeut le daguerréotype avant d’entamer une carrière aventureuse. Cette dynastie d’artisans, unique dans la ville-préfecture au XIXe siècle, disparaît du paysage local vers 1890.
L’armurier exerce un métier dangereux et sensible, car en rapport direct avec la fabrication et la diffusion d’armes à feu. Aussi, ces artisans, dont quelques-uns détiennent un véritable arsenal et quelques autres appartiennent à des sociétés plus ou moins secrètes, sont constamment surveillés. Mais tous collaborent étroitement avec les « autorités », locales ou étatiques, en période de crise sociale ou politique. Enfin, hommes du feu et « mécaniciens », les Latura contribuent aussi au bon fonctionnement de services urbains : lutte contre le feu, entretien des horloges publiques, entre autres.