La prochaine séance de la Société d’émulation aura lieu le samedi 16 novembre 2024 à 15 heures aux Archives départementales du Jura :
Hommage à notre président Jean-Luc Mordefroid, mort le 20 octobre 2024
Christophe MELOCHE, Bilan des fouilles du site de La Châtelaine (avec projections)
Le bourg castral de La Châtelaine, dans le Jura, est implanté sur un caisson effondré dominant de 220 m le fond de la reculée des Planches-près-Arbois.
Depuis 2019, la fouille d’un îlot du bourg castral, menée sur 725 m2, a pu mettre en évidence la présence de l’homme à partir du Néolithique moyen. Du mobilier datant de la Protohistoire a également été mis au jour. Mais la première occupation réellement pérenne date du bas Empire. Du IIIe s au IVe s. ap. J.C, un castrum aurait été édifié à l’emplacement du futur bourg castral comme le prouvent les découvertes de charbons de bois datés des IIIe-IVe ap J.C, de monnaies frappées au cours de cette même période, de tessons de céramiques ainsi que plus de 219 kg de fragments de tuiles antiques. Le site est réoccupé à partir du VIe jusqu’à la fin du siècle suivant et là aussi, le mobilier atteste de l’existence d’un site de hauteur, probablement fortifié, durant le haut Moyen-Âge. À l’emplacement de la fouille, il ne restait rien d’éventuelles structures plus anciennes.
L’opération triennale a mis en évidence la construction dans la seconde moitié du XIIIe s., à l’emplacement de petites carrières exploitées à la fin de l’Antiquité tardive, d’un bâtiment d’habitation, orienté nord/sud parallèlement au rebord de la falaise. Le très riche mobilier découvert, notamment métallique, a permis d’approcher, pour ce quartier, la réalité du bourg castral depuis son expansion vers 1264 jusqu’à sa désertion effective au début du XVIe s. Seule l’église paroissiale et son cimetière demeureront à leur emplacement premier jusqu’à la fin du XVIIe s.
Guillaume Béal, L’école normale de garçons de Salins (1832-1850). Les enjeux politiques et intellectuels d’une première institutionnalisation de la formation des maîtres
Après avoir subventionné pendant les années 1830 et 1831 le fonctionnement de l’école normale fondée en 1829 à Courtefontaine par Antoine de Chamon, évêque de Saint-Claude, et dirigée par les frères de la Société de Marie, le Conseil général du Jura adopte lors de la séance du 14 novembre 1831 le principe de la création d’une école normale publique départementale : inaugurée lors d’un office religieux le 5 septembre 1835, l’école accueille ses 19 premiers élèves-maîtres pour deux années de scolarité à partir du 5 novembre 1835.
En dépit de difficultés locales ponctuelles et d’un contexte intellectuel globalement défavorable aux écoles normales depuis la seconde moitié des années 1830 et marqué par des débats récurrents sur leur sens, leurs missions et leur utilité, l’école normale de Salins fonctionne sans difficultés majeures jusqu’en 1849.
Elle est cependant supprimée en moins d’un an, entre novembre 1849 et septembre 1850, après une vaine et brutale tentative de reprise en main.
Si cette brève histoire illustre les aléas et les tâtonnements politiques et intellectuels de cette première expérience jurassienne d’institutionnalisation de la formation des maîtres, expérience précoce et novatrice, hésitante et riche d’enseignement, elle s’inscrit également parfaitement dans un contexte national particulier tant sur le plan politique en matière de régime, d’institutions, d’esprit du temps, de politiques scolaires mises en œuvre que sur celui du contexte intellectuel entourant la question plus large de la formation des instituteurs.
Au-delà des aspects conjoncturels et locaux, l’histoire de l’école normale de Salins est aussi pour partie le reflet d’un temps particulier de la vie politique et intellectuelle française du XIXe siècle, celui de la libéralisation de la Monarchie de Juillet qui a permis sa création et dont le renversement a entraîné la disparition.
La séance est ouverte à toutes les personnes intéressées.